Michel Pastoureau, historien connu et reconnu pour ses études sur l’histoire culturelle des couleurs, des animaux et des symboles, poursuit sa série sur l’histoire des animaux (le loup, le taureau) avec le troisième volume consacré au corbeau.
Il s’agit de l’histoire du corbeau dans l’imaginaire collectif en Europe, de l’antiquité à nos jours, .
Pastoureau retrace l’histoire symbolique, littéraire, artistique de l’animal.
Si l’Antiquité gréco-romaine et celtique louent son intelligence, le christianisme va rejeter l’oiseau avec force, l’associant au diable.
Pour les sociétés anciennes notamment celles de l’Europe du Nord, le corbeau est un oiseau solaire, messager des dieux, protecteur. Il incarne la connaissance et la sagesse.
Dialoguant avec les dieux, il rend compte de ce qui se passe chez les humains et guide les âmes vers les cieux.
« Enterrer un mort avec un corbeau, c’est s'assurer que l’âme du défunt sera bien guidée par celle de l’oiseau vers l’autre monde.»
On admire son intelligence, sa perspicacité, sa mémoire.
Mais le corbeau n’aura pas le même succès avec le christianisme.
Dans l’épisode du Déluge, le corbeau se comporte en égoïste et attire la malédiction divine.
Il incarne alors l’oiseau impie, rempli de vices, à éviter et à éliminer…
En effet son caractère vorace, charognard, intéressé en font un animal qui porte malheur et messager de mauvaises nouvelles.
Impur, funeste, il va être combattu jusqu’au XXème siècle !
Leur massacre durera des siècles.
Aujourd’hui les études scientifiques récentes démontrent que le corbeau est un animal d’une très grande intelligence, avec des capacités cognitives proches des grands singes.
Même si la persistance des représentations négatives subsiste dans le cinéma, la peinture, la musique et la littérature, le corbeau peut vivre aujourd’hui en paix dans nos campagnes et nos villes.
Les très belles illustrations issues d’archives iconographiques, l’analyse extrêmement claire, le plan chronologique et thématique font que la lecture de cet ouvrage est passionnante.